
Série :
Abigaël Martini
Numéro : 1
Editeur :
Carabas
Collection
:
Date de publication : septembre 2006
ISBN : 2-351-00136-2
Prix : 16,90 €
Noir et blanc
AZUELOS Thomas, Scénariste/Illustrateur |
Abigaël Martini est commissaire stagiaire à Paris, et aussi fille
de juge. Son premier jour de stage commence avec un accident sur la
rocade, qui lui fait assister à la mort d'un homme, qui lui confie
une photo, qui l'amène à aller chercher quelqu'un du côté de
Marseille, qui se révèle ne pas être celui que l'on croyait,
d'ailleurs Abigaël ne croit plus rien... si ce n'est qu'elle est
tombée sur une drôle d'affaire bien embrouillée.
(Source éditeur).

Edité en 2006
aux éditions Carabas, le tome un
d'Abigaël Martini de
Thomas Azuélos m'est tombé dans les mains il y a quelques
semaines seulement. Et m'a intrigué. En recherche sur la
grande toile cybernétique, je n'ai trouvé que peu de
commentaires sur cet album qui ne fera donc pas de vagues dans
l'histoire de la BD. J'imagine pourtant volontiers Mr Azuélos
concevant cet opus, et j'aime à l'imaginer jubilant, pris
d'une émotion que seule la création peut procurer, lorsqu'elle
tend à flirter avec son idéal -entendez un acte créatif pur et
dur, touchant l'essence même de la création, chamboulant
l'ordre établi. Et c'est qu'à bien des égards il me semble,
l'auteur a réussi à mettre sur papier son histoire de façon
novatrice, une histoire qui bouscule les stéréotypes,
revisite, transforme et travestit bien des genres, à commencer
par celui de la bande dessinée.
Les vieilles formules du 9º art sont pourtant bien là : burlesque,
excentricité, intrigue, pastis et bouillabaisse. Mais dans ce livre
où la victime n'est pas celle que l'on croit et l'enquêtrice pas
celle que vous pensez, on croirait déceler dans les envolées
lyriques d'Abigaël quelque malin plaisir à nous dérouter, à se
jouer du lecteur. De qui se moque donc Azuélos ?
Pris de court par les rebonds d'une enquête tortueuse et plus
qu'improbable, on aura peut être simplement oublié d'aller pêcher
les indices nécessaires à la compréhension du récit au sein du
dessin même. Si le texte délirant en impose parfois par son
omniprésence, le style graphique révèle un univers tout en
sensibilité et oscille entre des raccourcis efficaces et un
foisonnement d'informations. Parsemés dans ce noir et blanc qui
n'est pas sans rappeler les surfaces de Breccia, de silencieux
indices raccommodent les omissions du discours et obligent à une
double lecture de certaines scènes.
Aux courses frénétiques et divagations policières de l'héroïne,
s'intercalent enfin de grandes plages de silence, deux ou trois
cases d'un dessin qui touche avec une tendresse naturaliste les
candeurs et les errances du troisième âge et frôle avec effroi la
folie et la mort. Vous l'aurez compris, Abigaël Martini est une
commissaire pas comme les autres, qui perchée sur talons hauts,
nous entraîne d'une ivresse à l'autre, à la poursuite du temps
perdu.
Bonne nouvelle, il existe au moins une interview intelligente
d'Azuélos, elle se trouve sur le site de
http://www.lapistache.com .
L'auteur y lâche froidement : « De mon côté, je résiste à la mode
de la bande dessinée narcissique et facile, j'emmerde
l'autobiographie et je crie que j'aime le vrai mensonge de la
fiction, le monstre de Moby Dick et les scènes érotiques des Mille
et Une Nuits » Tout est dit, n'en jetez plus.
Et ben si. Le tome deux est annoncé toujours aux éditions Carabas
début janvier de cette année 2008.