
Editeur :
Artefact
Collection
:
Date de publication : avril 1985
ISBN : 2-86697-092-6
Prix : 10,00 €
Noir et blanc
MARTI Josep, Scénariste/Illustrateur |
...
Bon sang, il y a une justice ! Au moment même où j'entreprends
d'écrire une chronique sur ce bouquin paru chez le regretté
Artefact il y a plus de vingt ans et épuisé depuis belle lurette,
m'apprêtant comme à l'accoutumée à déverser ma mauvaise humeur sur
le-monde-de-l'édition-incapable-de-rééditer-les-perles-de-la-bande-dessinée-et-de-s'intéresser-à-ce-qui-se-passe-ailleurs-qu'en-France,
voilà que j'apprend, info de dernière minute, que
Taxista
devrait être réédité sous peu par la très honorable maison
Cornélius... Bon, comme ce n'est pas encore fait, vous pouvez
toujours écumer les bouquinistes, vous avez des chances de trouver
l'original pour une somme dérisoire. Petit rappel, donc : Martí fut
un des piliers du magazine espagnol
El Víbora dont les
auteurs, pourtant cruciaux, ne traversèrent les Pyrénées qu'à dose
honteusement homéopathique, principalement par l'intermédiaire
d'Artefact, d'ailleurs, qui leur consacra une anthologie et édita,
outre
Taxista, quelques autres livres du même tonneau.
Rappelons qu'
El Víbora ne publiait pas que des auteurs
espagnols : on pouvait y lire en vrac Spiegelman,
Burns,
Willem, Masse et d'autres encore... L'équivalent de
Raw ou de
Métal Hurlant dans l'Espagne en
ébullition des années post-Franco (premier numéro en 1979,
l'aventure se poursuivant jusqu'en 2005). En ces périodes de peur
entretenue et de dérives sécuritaires, gageons que le chauffeur de
taxi Taxista pourrait faire figure de héros moderne :
réactionnaire, adepte de l'autodéfense, puritain, transi de
culpabilité, terrorisé par tout ce qui se trouve à la marge de la
société, « Taxista collabore avec la loi »& Martí dresse un
portrait implacable de la société espagnole de l'époque dans lequel
nous pourrons nous reconnaître, à l'heure où les bidonvilles
renaissent aux portes de nos villes. Son trait se revendique de
Chester Gould dont il parodie le Dick Tracy mais peut aussi
rappeler celui de Charles Burns ou de
Dan
Clowes, l'intrigue est sordide à souhait, touffue, elle est à
suivre malheureusement... Espérons que l'édition à venir nous
permette de lire enfin, vingt deux ans après, la suite des
aventures de
Taxista...