Date de publication : avril 2004
ISBN : 2-84856-021-5
Prix : 24,00 €
Couleur
KUPER Peter, Scénariste/Illustrateur |
Cette étonnante bande dessinée sans paroles est une véritable
fresque romanesque sur la vie des grandes cités contemporaines et
plus particulièrement sur la circulation de l'argent dans nos
sociétés. La Cité se révèle un « système » fascinant, aux rouages
complexes et souterrains, mais quelque peu gangrené par la
corruption et la cupidité.
(Source éditeur).

Vous aimez les
albums qui sortent des sentiers battus, qui explorent de
nouvelles voies narratives ou graphiques ? La tiédeur
politiquement correcte de notre époque feutrée vous insupporte
? Vous allez adorer
Le Système de Peter Kuper. Ce
dessinateur new-yorkais, célèbre pour la férocité de ses
dessins politiques, nous livre une satire caustique sur la vie
dans les grandes métropoles, la corruption, la violence
urbaine, les magouilles politiques ou financières, dans un
album dont le dessin semble "bombé" à la manière d'un graffeur
ou d'un tagger.
Une strip-teaseuse est assassinée dans le métro. Le détective
MacGuffin est chargé de l'enquête, mais il est anéanti par le
remords : quelques jours plus tôt, il a tué un enfant qui le
menaçait avec un revolver en plastique. Sans vergogne, un autre
flic organise un réseau très lucratif de distribution de drogue.
Dans les hautes sphères, le président de la firme électronique
Mexxon prépare le rachat de la firme Micron contre son rival Syco.
Pour garantir sa domination dans cette lutte financière, il
s'attache les services d'un poseur de bombes. Tout cela, dans un
contexte d'élections présidentielles : Rex, le président sortant,
pourrait bien être battu par son challenger Muir. Dans cette ville
là, tout n'est que luxure, agitation et cupidité. Seuls un Rasta et
son amie, dans leur bulle de bonheur idyllique, semblent pour un
court instant épargnés par la frénésie environnante...
Kuper raconte par petites touches une foule d'individus issus de
différents milieux sociaux, dont les destins s'entrecroisent et se
bousculent furtivement, sans jamais zapper brutalement ni provoquer
de rupture. Il recourt à de nombreuses astuces visuelles pour
papillonner d'un personnage à l'autre : des zooms sur un arrière
plan, des éléments de décor qu'on retrouve à deux endroits
différents (billets de banque, écran de TV... ), des anamorphoses
spectaculaires. Tout est imbriqué, entrelacé et interdépendant.
L'auteur dénonce en bloc ce système qui nous parait si familier...
mais rappelle dans une mention discrète au dessus du copyright et
plutôt inhabituelle dans une BD "qu'intrigue, personnages et
situations apparaissant dans cet album relèvent entièrement de la
fiction". Ouf ! Nous voilà rassurés !
Il n'y a aucun dialogue dans cet album. Pour autant, ce n'est pas
de la BD muette : partout, les unes des journaux, des affiches, des
écrans, des panneaux lumineux "parlent" à la place des personnages
et font progresser l'intrigue , au dessus du brouhaha de la jungle
urbaine. Ce mode inédit de récit fonctionne à merveille et la
gageure de l'auteur consistant à exécuter le portrait vénéneux
d'une ville entière pour révéler les rouages complexes du "système"
est un franc succès.