
Editeur :
FLBLB éditions
Collection
:
Date de publication : septembre 2006
ISBN : 2-914553-47-1
Prix : 12,00 €
Noir et blanc
FASTIER Yann, Scénariste |
GUILLEROT Marc, Illustrateur |
...
Quand du texte et des images sont juxtaposés, inévitablement le
lecteur cherche une relation logique entre les deux. Comme si
l'image devait forcément être une illustration du texte, ou le
texte un discours sur le dessin. En mettant face à face cinquante
textes et cinquante images, soit cent oeuvres plénières et
indépendantes, La batavia du maréchal prend donc le
lecteur à rebrousse-poil.
Parcourir ce livre est l'équivalent artistique d'un entraînement
sportif : il s'agit d'être en alternance lecteur puis spectateur,
puis lecteur, puis spectateur... à un rythme effréné ! Reste un
choix plus tranquille, consistant à butiner ici ou là, en s'en
remettant au hasard, en prenant son temps, en y revenant à
plusieurs fois.
En revanche, s'il est bien un point sur lequel les textes de Marc
Guillerot et les dessins de Yann Fastier se rejoignent, c'est dans
leur étrangeté, leur poésie, leur jeu d'absurde et d'insolite. Et
voilà que naît un paradoxe assez savoureux : ce sont les textes
(côté gauche) qui enflamment l'imaginaire, tandis que les images
(côté droit) nous poussent, pour les interpréter, à inventer des
histoires...
Extraits choisis :
« Pamela moisissait dans sa soupente depuis pas mal d'ampoules et
ne croyait plus aux rideaux » semble avoir été écrit selon la
méthode consistant à remplacer les verbes et noms les plus
importants, par d'autres, trouvés à proximité dans le
dictionnaire...
Une phrase comme « Parler "sommaire" réveille parfois des sources
d'eau salée » pourrait elle aussi être le fruit d'une
transformation consistant, par exemple, à remplacer des mots par
des expressions métaphoriques à peu près équivalentes, quoique
légèrement décalées.
Mais tout ne repose pas sur des constructions oulipiennes dans les
écrits de Guillerot. Certains textes sont simplement drôles, jouant
sur une banalité apparente, pour mieux surprendre. Comme par
exemple : « La première fois que j'ai vu René, il était assis. La
deuxième fois que j'ai vu René, il était debout. Je n'ai vu René
que deux fois ».

En face de cette page, ce dessin très vernien : un
galion englouti, un sous-marin, un monstre à demi mécanique…
Ou peut-être est-ce tout à fait autre chose. A vous de
voir.
